Cheers Europe !

14Oct08

Je disais dans mon précédent billet que le gouverneur de la banque centrale, M. Jouahri esperait faire du Maroc une base de repli pour l’investisseur étranger en quête de diversification.

Je disais aussi que ce n’était pas vraiment un bon argument dans la mesure où pour être catégorisé comme une base de repli, il faudrait avoir une faible correlation entre notre bourse et l’étranger : ce qui n’est pas le cas.

Malgré ce qu’avancent bon nombre d’analystes, je reste convaincu que notre bourse est fortement corellée aux bourses internationales. Je n’avais pas les outils pour illustrer mes propos au moment de la rédaction, mais maintenant que je suis au bureau je me suis dit qu’un graphe valait mieux qu’une longue tirade.

T1B as of October 14th, 2008 - (c) la banque où je bosse 🙂

Au sujet de la crise financière, le sentiment à chaud que je tire des mesures prises par les gouvernements européens est que ces derniers m’ont bluffé. Ils ont donné une belle leçon d’efficacité à leur homologue américain.

Quand les américains se débattaient pour décider s’il fallait ou non sauver leur système bancaire, la montagne a accouché d’une (certes grosse) souris de US$700b. Il aura fallu un week end à Gordon Brown & Co. pour pondre un projet diablement plus efficace (cf. reprise des marchés non seulement européens, mais mondiaux). On top of that, le projet a de fortes chances de ne pas coûter autant que les chiffres avancés (environ €1800b – le PIB de la France). Ce projet n’est en réalité qu’une garantie sur les prêts interbancaires : ce n’est pas de l’argent destiné à être injecté automatiquement. Il se peut que le contribuable européen sorte gagnant de cette situation.

Et qui dit mieux ? Les boss des sociétés maintenant garanties seront surveillés de près avec des salaires moins frustrants pour les contribuables …

Top non ?

En tous cas je dis bravo à Gordon Brown pour l’engineering du plan et à Sarko qui en a fait un bon marketing.


Ok, ça fait un bon moment que je vous ai fait faux bond… D’ailleurs je ne vous promets pas de revenir de sitôt. Il faut dire que je suis resté très présent sur la blogoma mais en tant que simple visiteur. Mais comme les vieux amis, on ne s’en tiendra pas rigueur et on fera comme si de rien n’était.

Vous me direz peut être qu’est ce qui me pousse à me remettre à écrire comme ça, aujourd’hui, à 4h du matin. Je vous répondrai « deux moustiques de compétition et un cauchemard interminable ».

Ce cauchemard, c’est la répétition en rêve du vendredi noir que j’ai vécu aujourd’hui. Un marché pour la énième fois baissier. Moins zero virgule quelque chose, c’est relativement positif contrairement aux autres journées me diriez vous … Oui ! Sauf qu’aujourd’hui nous avons vraiment commencé à voir les prémices de la crise longue arriver.

Certes, pas de la même ampleur qu’en Europe, et encore moins qu’aux États-Unis. C’est vrai. La nature même de la crise est totalement différente. Là bas, il s’agit d’une crise systémique. Le corps de la finance internationale est tombé malade de son cœur (les fameux actifs toxiques), et le sang (prêts interbancaires) à force d’être contaminé circule de moins en moins.

Le gouverneur de la banque centrale, flairant probablement l’opportunité pour notre pays de devenir le hub financier NW africain qu’il ambitionne de devenir a déclaré que « (…) le Maroc a des atouts pour offrir une base de repli dans cette conjoncture (ndlr: boursière) difficile ». Il sous entend que notre marché n’est pas corrélé aux différentes places internationales. Ce qui est totalement et absolument faux. Une simple comparaison de l’indice marocain (MASI) avec celui des pays émergents (FTSE Emerging(1) par exemple) montre que le Maroc suit la tendance internationale. Il montre aussi qu’il a une plus forte volatilité que l’indice (ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour les spéculateurs, et une mauvaise pour nous petits épargnants). Si le Maroc est une base de repli pour les investisseurs internationaux, alors tous les marchés dits émergents le sont.

Je vous disais que la crise en Europe et aux Etats Unis était systémique. Au Maroc celle qui se profile est économique. Pourquoi et comment ? Au pourquoi je ne prétenderai pas avoir la réponse. Ce que j’ai vu restera (peut être) comme un enchaînement sans fin de mauvaises nouvelles. Ca a commencé par un marché sans relief. Depuis le mois d’Avril, la bourse était flat, attentiste, des petites variations suivies quasiment immédiatement de corrections, et cela jusqu’à la fin de l’été. Les volumes étaient très faibles et, grosso modo, il ne se passait rien sur le marché.
Septembre : Les premiers grands effets de la crise financière majeure commencent à intéresser le grand public, avec la faillite spectaculaire de Lehman Brothers. Le même jour, toutes les bourses internationales crashent, y compris la bourse de Casa.
Selon certains quotidiens, cette sévère correction de la bourse de Casa, qui s’est poursuivie deux jours durant, a été précipitée par la banque d’affaires CFG. Ce à quoi je ne crois pas une seule seconde (mais cela n’est pas l’objet de ce billet).
Le fait d’attribuer cette correction à une manipulation est révélateur de l’idée que l’on a de notre marché : Il est impossible que notre marché réagisse à une conjoncture internationale, ou alors si c’est le cas ce n’est qu’un effet psychologique. Franchement, j’en sais rien ! Ce que je sais, c’est que oui, il réagit. La raison, je ne la connais pas.

Octobre : Le marché continue sa tendance baissière, et la performance annuelle est de près de -5% (vs. -35% pour le DowJones par exemple).

Aujourd’hui pourquoi je panique ? Parce que je commence à voir les effets de cette baisse du marché equity au Maroc. La baisse qui dure depuis près de 2 mois a asséché le marché de ses liquidités. Les investisseurs veulent rester liquides pour investir au plus bas. Les banquiers ne prêtent plus car eux mêmes ont du mal à se financer. Manque de chance, inflation aidant, le taux directeur a été revu à la hausse. Entrainant avec lui une nouvelle baisse du marché actions. Les emprunteurs veulent tous contracter leurs dettes maintenant, avant l’entrée en vigueur effective de la hausse des taux. Or les liquidités étant de plus en plus rares, les spreads sont de plus en plus élevés.

Des entreprises qui s’endettent plus cher créent moins de valeur, ou ralentissent leur activité économique. La réponse n’est même pas l’habituelle planche à billets qui consiste à injecter des sommes sur le marché monétaire. Cela ne servirait à rien, les banques n’ont apparemment pas de soucis à ce niveau. Il s’agit de la reprise de confiance des investisseurs, et l’apport de liquidités sur le marché.

Il faut que les gens se disent : « ok, ça ne peut pas aller plus bas, je dois acheter maintenant ». La confiance n’y est pas pour le moment.

J’espère sincèrement me tromper car la vague que je crois venir est peu être un peu trop haute pour nous. Comme dirait ce génie de Warren Buffet : « c’est quand la marée descend que l’on voit qui nageait à poil ». Aujourd’hui, il n’y a pas beaucoup de monde qui porte son maillot …

(1) Comprenant les pays suivants (en anglais) : Brazil, Israel, Mexico, South Africa, South Korea, Taiwan, Argentina, Chile, China, Colombia, Czech Republic, Egypt, Hungary, India, Indonesia, Malaysia, Morocco, Pakistan, Peru, Philippines, Poland, Russia, Thailand, Turkey.


A voir jusqu’au bout !


Depuis son retour au plusbeaupaysdumonde il y a exactement 2 mois et quelques heures, Hmed n’a pas sorti la tête de l’eau. Le poisson qu’il est devenu se noie sous masse titanesque de travail qu’il accomplis tant bien que mal.

Autant dire qu’il n’a pas eu trop eu l’occasion de profiter des joies du seddari ou du goûter quotidien qu’on lui a fait miroîter pour qu’il accepte de rentrer chez lui. Il n’a pas eu l’occasion non plus de sortir rencontrer la société bien pensante et forcément … vous savez … vous vous en doutez … de le faire …

En réalité, cela faisait près d’un an que Hmed ne l’avait pas fait. Il sentait la pression monter, aucune soupape pour laisser tout cela s’échapper. Il savait qu’à la première fois qu’il le referait ce serait l’explosion, un vrai volcan en ébulition… Ce que tout homme normal pratique de manière régulière, Hmed le considérait comme étant quelque chose d’inaccessible. Pas assez de temps, peur de se mouiller, de se faire mal, il n’allait quand même pas y aller juste comme cela, sans un minimum d’engagement … Non ! Hmed est un homme engagé et digne, il n’irait pas se fourrer n’importe où juste histoire de dire : je l’ai fait !

Eh bien figure toi cher lecteur que Hmed a finalement franchi le pas. En fin de semaine dernière il osa, hésitant, le coeur battant la chamade à la manière d’un adolescent a la rencontre de son premier flirt, il y alla à la fois excité, un peu d’appréhension mais déterminé : cette fois il n’allait pas looser de nouveau, cette fois il faut que ça marche ! Respire un grand coup et vas y !

Hmed franchit la porte, entre d’un pas assuré, s’assied la dévisage, la décortique, il va a sa rencontre. Elle lui semble occupée, très occupée. Elle ne lui accorde aucune d’importance, qu’à cela ne tienne, il est déterminé. Il pose des questions, s’intéresse à elle, la provoque, la teste, il cherche à la coincer … Cette fois c’est sur, c’est la bonne. Je la regarde, elle me regarde, je la désire, elle un peu moins. Elle a grand coeur, elle veut bien de moi. J’en ai envie, mais je ne suis pas un garçon facile… Rendez vous est pris, ça sera pour Jeudi soir. Par mesure de précaution, restons discrets.

Hier, j’y ai pensé toute la journée, j’étais fébrile mais excité. Je ne pensais qu’à ça, je n’arrivais pas à me concentrer dans mon travail. Le soir arriva, j’ai pensé abandonner. J’avais peur des conséquences, mais je me suis engagé, je dois y aller. Arrivé à l’endroit de notre rendez vous je me gare, hésite avant de descendre … je monte dans l’ascenseur et vais droit à notre besogne.

J’enlève rageusement ma cravate, puis la chaussure gauche, la chemise puis suit la chaussure droite, j’étais tout excité de ce qui m’attendais … je me jette dans l’arène comme un chien fou, je donne tout ce que j’ai. Haletant, transpirant, je donne tout ce que j’ai … Et je donne je donne je donne, je me surprend a regarder en meme temps la télé, moment de honte ! Je me reprend et change de position, et je donne je donne je donne … je suis fatigué ! Je me désaltère en ne pensant qu’au troisième round. Epuisé, je décide d’arrêter la partie là, je n’en peux plus et vais prendre ma douche, je me rhabille et range mon sac de sport. L’endorphine me drogue et je ne pense qu’à me jeter sous ma couette… Le repos du guerrier.

Finalement le sport m’a fait du bien, et je repartirai bien pour un autre tour ! Ca faisait près d’un an que je ne m’étais pas bougé.


Un ami a déniché pour une petite perle dans notre presse nationale, qu’il s’est empressé de me forwarder.

Je vous la livre tel quel, sans commentaire (et pour cette fois, je fais l’impasse sur le copyright, mais c’est trop bon !)

Que serait, par exemple, la vision 2010 pour le tourisme sans l’effet d’attraction quasi universelle de la moule marocaine ?

La moule marocaine a de tout temps été connue et appréciée pour sa plastique, sa fraîcheur, son goût, et ses qualités aussi bien olfactives que gustatives ; la moule marocaine est, sans conteste, une dimension essentielle de notre identité nationale; de Tanger à Lagouira, la pêche aux moules mobilise, depuis toujours, les énergies et les intelligences de nos concitoyens; chaque Marocain a une technique particulière pour pêcher sa moule et pour l’accommoder; la passion des Marocains pour la moule a fait de sa consommation un art reconnu dans le monde entier; la moule marocaine s’est imposée partout; au Moyen-Orient, dans les pays du Golfe, en Arabie Saoudite, même en période de pèlerinage, en Europe, en Afrique, aux USA; outre le fait que la consommation de la moule marocaine est le meilleur gage de sa qualité, il faut reconnaître qu’elle donne à notre pays un avantage politique et géostratégique décisif sur nos concurrents directs. Que serait, par exemple, la vision 2010 pour le tourisme sans l’effet d’attraction quasi universelle de la moule marocaine ? Maintenant, il y a un problème; le département des Pêches maritimes annonce que les moules, actuellement, «ne présentent aucune garantie de salubrité et constituent un danger pour la santé publique»; il accuse surtout les moules en vrac, les plus sympathiques; celles qui sont conditionnées, les bourgeoises, restent «potables»; un comble.


Le Marocain est toujours entrain de râler, d’essayer d’entourlouper la société, d’en vouloir à ses concitoyens. J’ai le sentiment qu’il est beaucoup moins tolérant et qu’il perd son calme beaucoup plus vite qu’il y a de cela une ou deux décades. Il est en colère, contre beaucoup de chose, mais surtout contre son état de … Marocain ! Êtes vous en colère ? Selon ma théorie, oui.

Certainement, les Marocains en ont sur le cœur, et la moindre discussion creuse pour meubler un silence se transforme en reproche contre la société. Ils pensent que le pays va de pire en pire, et ne s’attendent pas à une amélioration. Mais en colère ? Pourquoi ?

Les uns le reprochent au Makhzen de décapiter toute personne qui sort la tête de l’eau, d’autres en veulent au PJD de ne pas apporter une opposition autre que démagogique.

Est ce cela ? Ou est ce peut être les taxes trop élevées ? La vie chère ? La non protection sociale ? Les services publics inexistants ? Cette nouvelle immigration dont il est bon ton de se plaindre* ou plutôt tous ces trains et bus en retard ?

Tous ces bons vieux problèmes peuvent effectivement impliquer un cynisme lassant. Mais est ce que tout un pays peut être en colère à cause des trains en retard ? Non non, il doit y avoir autre chose.


La loi de l’ambivalence de Freud apporte un début d’explication.  Avant que Sir Laurence Olivier n’interprète Hamlet, il était allé voir le Dr. Ernest Jones qui lui expliqua le mécanisme de la loi de l’ambivalence. Il lui expliqua que les être humains étaient parfaitement capables d’aimer et de haïr la même chose; ces sentiments contradictoires menant d’abord à une frustration puis à de la colère.

Peut être que les marocains sont victimes de la loi de Freud. Aujourd’hui, quand ils contemplent leur pays, le grand Maghreb et la (pseudo) nation Arabe, ils sont envahis de sentiments profondément contradictoires. Dans trois domaines sensibles – Islam, Panarabisme et Globalisation – le Marocain est confronté à des dilemmes encore non résolus. Ce n’est pas comme si le Marocain savait ce qu’il en pensait, mais qu’il ne sait pas l’exprimer, c’est qu’il ne sait tout simplement pas ce qu’il en pense. Selon notre loi, il est ambivalent.

Prenons par exemple l’Islam. Le Marocain a été éduqué dans un référentiel religieux qu’est un certain Islam Malékite. Il est pour la piété raisonnée, et aime les aspects esthétiques, solidaires et rassurants de sa religion. Cela le blesse au plus profond de lui même d’entendre de nos jours de plus en plus d’attaques contre sa religion. Il culpabilise souvent de ne pas pratiquer sa religion comme il le voudrait, mais il sait que le bon Dieu est clément.
En même temps, lorsqu’il voit ce que certains se permettent de faire au nom de l’Islam, ou bien le défaitisme ambiant de la société devant l’un des fondamentaux de sa religion : le Destin, il ne sait plus s’il est toujours bon ou mauvais d’être aussi pieux. La religion est bonne pour un certain équilibre, mais si en faire trop doit le mener à ces excès, alors peut être qu’il vaut mieux s’en éloigner ? Le Marocain ne sait pas vraiment ce qu’il pense, il fait des aller-retours vers l’une et l’autre des positions.

Ou alors considérez le Panarabisme. Lorsqu’il voit face à lui une Europe, qui il y a 60 ans se déchirait encore, aujourd’hui plus solidaire que jamais, et qu’en plus ces gens là n’ont rien en commun à part peut être la plaque tecktonic (;-) ) sur laquelle ils vivent, le Marocain est pris d’un profond sentiment d’envie et de jalousie. Il aimerait en faire de même avec ses voisins proches et lointains. Après tout, la nature des économies arabes étant tellement differentes les unes des autres qu’elles serait à la limite d’une zone monétaire optimale. Il rêverait de retrouver une grande nation arabe de Bagdad à Poitiers et de Tripoli à Dakar
Mais quand il voit comment certains moyen orientaux s’entretuent pour la présidence d’un pays – le Liban – qui ne fait même pas la distance Casa-Marrakech, ou pour gérer un pays qui n’a même pas sa propre armée – la Palestine – ou encore des gens qui s’entretuent parce que chiites ou sunnites, le Marocain se demande vraiment s’il a quelque chose à voir avec ces animaux imbéciles.

Pareil pour la globalisation. Pour faire simple, le Marocain est très heureux de la délocalisation des centres d’appels et autres taches ingrates dont ne veulent pas les occidentaux sur son sol. S’ils ne veulent pas de ces jobs, lui il saura quoi en faire. Il aime la délocalisation et est partisan de la concurrence la plus sauvage quand il en est bénéficiaire. Il est heureux d’acheter des télévisions chinoises contrefaites, où le SOUNY trône au dessus du recepteur satellite qui lui permet de comparer son Houme Cinima à celui de son homologue occidental.

En même temps, il se plaint à longueur de journée de l’envahissement des produits chinois et de la faillite des industries du textile face à la concurrence chinoise. Ce n’est plus ce que c’était aujourd’hui, et il est plus difficile de faire des affaires.

L’ambivalence de Hamlet mena à la mort et la destruction tout autour. Esperons que je me trompe, et que la loi de l’ambivalence ne s’applique pas au plusbeaupaysdumonde. Autrement, on pourrait peut être tous se mettre au Yoga ?

* Ces pauvres immigrants ne doivent pas depasser les 50,000, mais les marocains aiment bien s’en plaindre, ça les rapproche des pays « développés »


J’ai envie de dire : « cap’ ou pas cap’ ? »

spaceball1.jpg


La politique, tout comme les marchés financiers, est un domaine où les acteurs doivent gérer les attentes des électeurs ou investisseurs.
L’une des stratégies les plus efficaces sur le moyen terme est souvent de faire un pas en arrière et attendre que la tempête passe.
En finance, lorsque les « spécialistes » publient leurs prévisions d’évolution d’une compagnie, bien souvent les managers se mettent en retrait et évitent de commenter.
Sûrs de leur fait, ils ont alors toute latitude pour battre les attentes du marché et ainsi créer un engouement sur leur titre. Les compagnies qui surprennent positivement le marché sont alors décrites comme ayant un résultat « exceptionnel », ou vivant une « dynamique » de croissance.
La « dynamique » est aussi un terme politique. Pour la réaliser, il faut donner aux électeurs des attentes basses, pour ensuite les battre haut la main.
Certains gestionnaires de fonds, focalisés sur l’approche saine et long terme, refusent de lire la presse spécialisée ainsi que les éditoriaux et analyses techniques concernant les actifs dans lesquels ils investissent. Ils refusent tout autant de rencontrer les managers des compagnies dans lesquelles ils investissent. Ils cherchent ainsi à se déconnecter de tout effet de mode, mais aussi à ne pas entrer dans la logique citée plus haut. Ils évitent ainsi le piège dans lequel tombent les spéculateurs de tous bords. Selon eux, sur le long terme, analyser les comptes passés et avoir la « big picture » est tout ce dont ils ont besoin pour faire des investissements fructueux. Tout est une question de bon sens.

Du bon sens !

Le bon sens, voilà ce que nombre d’investisseurs marocains ont perdu dernièrement. Comment est ce qu’une bourse ayant réalisé une performance de plus de 211% depuis deux ans peut-elle être qualifiée de raisonnée. Cela devient encore plus frappant lorsque l’on compare celle ci à ses homologues nord africaines ou moyen-orientales qui ont réalisé une progression moyenne de 61%.
Ne possédant pas de ressources naturelles s’échangeant tous les jours plus haut, étant dépourvu d’une économie basée sur la consommation, et possédant l’une des économies les plus inégalitaires du globe, nos perspectives sont beaucoup moins claires que celles des pays du GCC (Arabie Saoudite, Oman, UAE, Bahrain, Qatar et Kuwait). Malgré les chantiers en cours aux quatre coins du pays, cela ne donnera certainement pas un avantage compétitif au pays.
Cela me fait sourire d’entendre les marocains se targuer d’avoir ces autoroutes, ces ports et aéroports en constructions, ces ronds points tout beaux un peu partout. Seulement l’époque à laquelle cela était un avantage est révolue. Aujourd’hui tout le monde possède ces infrastructures, ceux qui en sont dépourvus sont plutôt ceux qui resteront sur la touche. Ces infrastructures en devenir, ne saurait être des éléments justifiant la cherté de nos actifs. Et jusqu’à aujourd’hui, je ne vois encore aucune raison à ce niveau de prix. Le parallèle peut être aisément établi au secteur de l’immobilier.
Quand le marché est déconnecté de ses fondamentaux, la meilleure attitude à avoir est de reculer et d’attendre que la bulle explose.

La dynamique

La « dynamique » c’est ce qui semble manquer à nos politiciens. Pourtant, dénués de toute compétence managériale, la moindre des choses aurait été qu’ils comprennent les principes qui la font naître.
Quand le PJD a annoncé qu’il espérait glaner de 70 à 80 sièges au parlement, il a fait preuve d’un trop grand optimisme. Quand les analyses voyaient l’USFP bien se défendre dans certaines circonscriptions, c’était faire confiance à des experts qui n’en sont pas. Quand l’Istiqlal a annoncé des objectifs modérés et les a battus, ils ont fait preuve d’intelligence. Malheureusement, cette intelligence ils la perdent. Et ce n’est pas la seule chose qui se perd.
Cette alchimie qu’avait su créer le gouvernement Jettou et la confiance qu’ont retrouvé les ménages et entrepreneurs sont entrain de s’éroder face à l’incompétence affichée du chef de notre exécutif. Le train des réformes et des grands projets est entrain de ralentir depuis Octobre 2007, et si celui ci est encore en mouvement, ce n’est que l’effet d’inertie légué par l’équipe précédente. L’on se demande parfois si ce train a, pour l’instant, donné la moindre impulsion dans le bon sens.
Lorsque le Premier Ministre est publiquement désavoué par S.M le Roi (cf. tutelle des agences de développement), celui ci répond qu’il est heureux de se voir corriger ses erreurs. Lorsque ce même premier ministre déclare qu’il ne parle que l’arabe classique chez lui (et au passage, que notre darija n’est pas noble), celui ci nous fait reculer de plusieurs décennies en arrière. Il est en quelques sortes la Corée du Nord du monde politique marocain. Il a une force nuisance et de destruction inouïe sous la main, et la moindre de ses idées géniales peut se transformer en gigantesque champignon nucléaire. L’Algérie peut vaquer à d’autres occupations, avec un gouvernement pareil, nous n’avons plus besoin d’ennemis.
Certes, nous n’avons que le gouvernement que l’on mérite, et je n’ai pas à me plaindre moi qui ne suis même pas aller voter, mais il est une mode qui veut que les actions préventives soient prises avant que les effets ne soient irréversibles.
Mr. El Fassi (ma petite bambie à moi) s’est accroché du bout des ongles, bravant vents et marées dans l’espoir d’accéder un jour au sésame de la Primature. Il lui est même arrivé d’accepter un ministère sans portefeuille pour attendre au chaud que sa place se libère. Aujourd’hui qu’il a goûté à la gloire et aux délices de la fonction, il serait peut être bénéfique pour (lui et pour) nous de laisser la place à plus compétent et volontaire. Si le titre de Premier Ministre lui tient tant à coeur, il pourra le garder pour des fonctions honorifiques. Mais de grâce ! Qu’il arrête de faire de la politique contre productive.


Il y a quelques années de cela, le ministère de l’intérieur avait signé un accord avec des partenaires étrangers pour développer un système de cartes d’identités biométriques. La levée de boucliers que j’espérais en apprenant la nouvelle n’a pas eu lieu. S’il est bien une chose que l’on porte sur nous, toute notre vie, ce sont bien nos données biométriques. La moindre faille dans le système informatique contenant ces données permettra à ceux qui se les sont procurées d’avoir des données sensibles sur chacun d’entre nous (cf. l’histoire des 20 millions de britanniques). Ces données, une fois entre les mains d’un tiers, j’insiste dessus, ne pourront jamais être changées (tel un login ou un mot de passe). Vous et moi les portons en nous, toute notre vie. Malheureusement, aujourd’hui il est trop tard pour réagir.

Dans le même registre, j’ai lu aujourd’hui une dépêche Reuters indiquant que Bank Al Maghrib (la banque centrale) à signé un accord avec la firme Experian pour tout ce qui a un rapport avec le Credit Check.

What is credit check

Il s’agit d’une base de données centralisée chez un prestataire (Experian en l’occurence) qui contient les informations sur nos habitudes de consommation, nos entrées et sorties d’argent etc. Le but de ce système est de fournir aux différents organismes de crédit et aux banques (il y en aurait 70 au Maroc) une information fiable mais surtout calibrée aux mêmes critères (et donc objective et juste) concernant la solvabilité de chacun d’entre nous. Fine. Le but est louable et une information précise et objective permettra aux différents prêteurs de n’accorder des prêts qu’aux gens ayant un ratio de solvabilité présentable (je passe sur le débat interminable sur « on ne prête qu’aux riches mais pas aux pauvres », on n’est pas là pour ça). Une meilleure connaissance de la solvabilité des clients permet d’éviter de prêter à des personnes qui courent un risque d’insolvabilité, et donc d’éviter de déstabiliser le système financier (ex. Subprime Crisis). Still fine…
Seulement le risque dans l’histoire, et je le vois venir gros comme une mamma italienne, c’est de voir la population bancarisée opter de plus en plus pour une gestion de leur Credit History à l’anglaise ou américaine : Une carte de débit + Une ou plusieurs cartes de crédit. La différence entre ces deux types de cartes est que l’une « tire » directement l’argent de notre compte (débit) tandis que la carte de crédit permet d’effectuer des paiements que l’on ne paie en réalité qu’à la fin du mois.

The more you spend, the better your score

Le credit history et le credit score sont grosso modo calculés sur ce que vous dépensez avec votre carte de crédit. Plus on dépense, meilleur est votre score. L’effet pervers de ce système est de pousser les gens à la surconsommation. En effet, dans les pays ou le credit check est répandu, il peut être utilisé par votre agent immobilier pour vérifier votre solvabilité, par votre opérateur téléphonique pour savoir s’il vous accepte sur son réseau, par votre fournisseur d’accès à internet … bref, par tous les gens à qui vous devrez payer une dîme régulièrement. Malheureusement, ceci a pour conséquence de pousser les gens à la surconsommation : plus on consomme, meilleur est notre score. Et si notre score est meilleur, plus simple sera l’accès aux services de base (logement, telecoms etc.). La conséquence ultime étant bien entendu un surendettement des ménages.
Imaginons le pire, s’il vous arrive d’avoir à un moment donné et de façon ponctuelle des difficultés financières. Le credit score est immédiatement et durablement impacté par cela, vous privant d’une multitude de services.

Concurrence muselée

Une autre répercussion de ce système est la mort de la concurrence (en faveur du client) dans le secteur bancaire et du crédit. Il est évident que deux banques ayant un coût du capital comparable, et la même information sur le client proposeront des taux de crédit (immobilier, à la consommation etc.) comparables.
L’un des principe de base de la négociation se retrouve en faveur des organismes financiers dorénavant : l’asymétrie de l’information. Auparavant, celui qui en savait le plus sur la réelle situation financière était le consommateur, établissant (un peu) le rapport de forces en sa faveur. Dorénavant, ce rapport sera en faveur de l’organisme de crédit puisque ce dernier, connaissant non seulement parfaitement notre profil, mais aussi le sien (!) : il est avantagé par cette information complète car sachant qu’aucun autre organisme ne présentera de meilleure offre.


C’est avec beaucoup d’enthousiasme (feint) qu’aujourd’hui j’écris ce post digne d’un article de M. ALAOUI (Le Matin du Sahara).

Chers lecteurs, je tiens à rendre hommage à l’intelligence hors du commun de deux des plus talentueuses blo(a)gueuses du Maroc.
La qualité de leurs billets n’a d’égal que l’infinie beauté qui les caractérise.
Drôles, intelligentes, perspicaces, vous êtes pour moi un modèle.
Tequi(ladrenaline) et Lady Zee*, que Dieu les glorifie, sont de la race qui mène les combats les plus épiques contre l’injustice dans le monde et leur vision nous guidera tous vers des sommets s’il plaît à Dieu.
Je tiens aussi à préciser que billet n’a pas été écrit sous la menace et que si c’était à refaire, ce serait sans hésitations.

DNES, Hmed La3robi

(Alors contentes ?)

* Que la princesse Diana jalousait pour son anglais impeccable 😉